Bâtie au XIIème siècle, la Chapelle de Kermaria-an-Iskuit (ou Kermaria-an-Isquit) se dresse au milieu de la campagne, sur la commune de Plouha.
La chapelle est formée d’une nef centrale à sept travées, flanquée de deux bas-côtés. Le chœur, orienté à l’est, est à trois pans coupés. Au sud, une chapelle privative forme l’amorce d’un bras de transept. Au niveau de la troisième travée s’ouvre, également sur la façade sud, le porche.
Les quatre travées côté ouest sont datées du XIIIème siècle, les trois autres travées, la chapelle privative et le porche sont du XVème siècle. La tour qui surplombe le pignon ouest est coiffée d’une flèche en charpente et couverte d’ardoises, elle porte la date de 1702. Le chœur a été construit entre 1720 et 1721.
À l’intérieur du porche, les parois abritent les statues en bois polychrome des douze apôtres. Au 1er étage, un édifice rectangulaire entouré par une fine balustrade servait de secrétairerie et aussi d’auditoire: le seigneur de Lizandré-Kermaria y rendait la justice et recevait l’hommage de ses vassaux. La porte intérieure du porche est surmontée par une Vierge en pierre polychrome. La voûte est à deux travées, décorée d’anges peints a fresco.
Le vocable Itron Varia an Iskuit est à traduire par «Madame Marie qui sauvegarde», et est à rapprocher du vocable liturgique Notre-Dame-des-Sept-Douleurs.
La chapelle de Kermaria est, avec l’église de Kernascléden (Morbihan), le seul sanctuaire de Bretagne à posséder une fresque représentant une danse macabre, thème de l’art macabre du Moyen Âge. Cette farandole macabre est située en hauteur, de part et d’autre de la nef principale, elle comporte 47 figures d’environ 1,3 m de haut et avait été recouverte de badigeon au XVIIIème siècle. La réalisation de cette fresque est située entre 1488 et 1501, soit environ un demi-siècle après celle du cloître des Innocents à Paris.
La réalisation est dans les tons clairs pour les personnages, marqués par un trait léger, sur fond ocre rouge-brun. Le décor de la farandole est une galerie séparée par des colonnettes, dans les travées desquelles évoluent les personnages.
La chapelle possède un mobilier fait de fragments de retable, cinq bas-reliefs en albâtre provenant d’Angleterre, ainsi qu’une statuaire remarquable, dont le Christ de la nef et les statues de la Vierge du XVème siècle.